Témoignages de foi

Une petite semence qui a bien germé

Par Collaboration spéciale

Témoignages de foi

30 septembre 2020

Nous vous présentons le témoignage de foi de Pat di Stasio, producteur en publicité, auteur-compositeur-interprète et  ancien président du conseil d’administration de la Fondation Père-Ménard.

J’avais vingt ans.

Comme plusieurs de mon âge, j’essayais de donner un sens à ma vie. Je venais de lire avec beaucoup d’intérêt une courte biographie de saint François d’Assise. J’ai été fasciné par l’histoire de ce laïc qui n’a jamais été prêtre, contrairement à ce que je croyais. Ce récit m’a fait réfléchir profondément sur l’orientation à donner à ma vie. J’en ai parlé longuement avec le vicaire de ma paroisse qui m’a suggéré de m’adresser chez les Franciscains, car il avait entendu dire qu’un Père de cette communauté ouvrait un collège pour les vocations d’adultes. (Dans ce temps-là on disait les vocations tardives.) Je me suis donc dirigé à la maison-mère des Franciscains où j’ai demandé à voir ce Père. C’était le Père Eusèbe Ménard, originaire de la Beauce.

Il avait trente ans.

Sa démarche était assurée et imposante. Son regard démontrait une grande profondeur d’âme. Il m’a accueilli avec un large sourire. Il m’a questionné et m’a parlé de son projet. À l’âge de 28 ans, il fut nommé prédicateur à la maison de retraites des Franciscains à Châteauguay. Au cours des prédications qui s’adressaient à de jeunes gens, il avait discerné, chez certains d’entre eux, une vocation authentique, mais qui ne pouvait être réalisée faute d’un séminaire adapté à leur situation, à leur âge ou à leur condition financière. Il avait persuadé un groupe d’hommes d’affaires, dont Monsieur Hector Durand, entrepreneur montréalais, de collaborer à cette œuvre qu’il voulait fonder.

 

Répondre à un besoin intérieur

 

En l’écoutant, j’ai été frappé par son dynamisme et sa grande conviction. Même si ma vocation semblait incertaine, il m’a invité à me joindre à cette œuvre et m’a suggéré d’y réfléchir quelques jours. C’est ce que j’ai fait. Il y avait là quelque chose qui répondait à un besoin intérieur. J’ai donc quitté mon emploi de commis de bureau et, en septembre 1946, je me retrouvais aux études à l’École apostolique Saint-Pascal-Baylon, une ancienne maison située au 3675 boulevard Gouin Est, à Montréal-Nord. (Aujourd’hui ce bâtiment n’existe plus et a été remplacé par le Parc Eusèbe Ménard.)

 

De gauche à droite : Roger Babin, Pat di Stasio et Gérard Gibault (1946).

 

Nous étions une trentaine d’étudiants âgés de 20 à 30 ans, et nous avions la même ambition : devenir prêtre. Je conserve toujours un excellent souvenir de mes confrères, les Babin, Gibeault, Paquette, Faubert, Landry, etc. venus de différents coins du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l‘Ontario. Je me souviens de la chanson-thème que j’avais composée et que l‘on chantait en chœur. Le refrain disait ceci : Je suis de Saint-Pascal-Baylon / Et j’aime bien cette maison / Le cœur joyeux, je chante au ciel bleu / Toute la joie de me trouver chez toi / Quelle est cette voix familière? / Je la reconnais c’est la rivière / Qui semble dire : Sois fier garçon / D’être de Saint-Pascal-Baylon. Ce n’était pas un chef-d’œuvre littéraire, j’en conviens, mais du moins ça servait comme chant de ralliement.

 

Déjà à cette époque, le Père Ménard avait pris conscience de l’importance des laïcs dans l’Église. Et ça, il va sans dire, bien avant Vatican II. C’est une des caractéristiques de son apostolat. Il a voulu être accompagné, dans toutes ses activités de fondateur, d’une équipe de laïcs profondément convaincus de leur foi et désireux de travailler à la vigne du Seigneur.

Pat di Stasio

 

Ce fut pour moi une expérience très enrichissante. Je me souviens que, sur un des murs près de l’escalier qui menait au deuxième, il y avait une affiche sur laquelle on pouvait lire cette réflexion : «Ce que je sais de demain c’est que la Providence se lèvera avant le soleil». J’ai appris à faire confiance à la Providence et à la découvrir autant dans les événements heureux que malheureux. L’enseignement du Père Ménard nous a marqués profondément. Nous avions le privilège de l’entendre tous les jours nous parler de l’importance de l’Amour… de l’amour de Dieu et de l’amour pour les autres.

 

Chacun reçoit de Dieu son charisme particulier

 

À la fin de l’année, malgré toute l’admiration que j’avais pour le Père Ménard et cette œuvre qu’il avait fondée, et malgré une nouvelle dimension qu’il avait donnée à ma vie, j’ai réalisé que la prêtrise n’était pas ma vocation. J’en ai longuement discuté avec lui et il m’a dit, comme un bon père le dirait à son fils : «Si tu décides de revenir, je serai heureux de t’accueillir; sinon je serai quand même heureux, car je sais que ce que tu as appris ici te servira».

Comme toujours, il disait vrai. Et comment!

Je suis donc retourné au travail après cette retraite d’un an et j’étais heureux d’avoir été témoin de la naissance de cette nouvelle œuvre que l’on désignerait plus tard sous le nom de «L’œuvre des Saints-Apôtres». Mais ne croyez pas que je m’en suis dissocié pour autant. Bien au contraire. Saint Paul dit : «Chacun reçoit de Dieu son charisme particulier : à l’un celui-ci, à l’autre celui-là» (1Cor. 12.7). J’ai donc continué à m’intéresser à l’essor que connaissait cette œuvre.

En 1976, j’ai reçu un appel de la Fondation Père-Eusèbe-Ménard qui me proposait de devenir membre de leur conseil d’administration. J’ai accepté avec empressement en reconnaissance pour cette richesse spirituelle que le Père Ménard m’avait léguée. C’est avec grande joie que j’ai fait partie de l’équipe d’administrateurs durant vingt-cinq années, dont dix à titre de président.

 

Pat di Stasio et père Eusèbe Ménard durant un événement bénéfice réalisé en 1981.

 

En 2015, deux groupes de religieux, de l’Indonésie et du Viêtnam, se sont joints à l’œuvre des Missionnaires des Saints-Apôtres.  Réjouissons-nous du fait que cette œuvre, qui a pris naissance à Montréal, soit maintenant présente sur presque tous les continents.

Oh! Comme ce saint homme doit être comblé!

Alléluia!

 

Pat di Stasio

À PROPOS DE COLLABORATION SPÉCIALE

Nous vous proposons un article que nous croyons important de diffuser davantage par la richesse de son contenu. Cette occasion, nous remercions Pat di Stasio, pour nous avoir autorisé la reproduction de son texte, initialement publié dans notre bulletin Mission-Action vol. 35 / n° 3, édition Noël 2015, dans le cadre des célébrations pour le Centenaire de la naissance du Père Eusèbe-Henri Ménard (1916).

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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